lundi 9 novembre 2009

TTE, ET, Première et deuxième section: argumentation

La critique semble un exposé relativement dogmatique, l'argumentation se fondant moins dans une analyse phénoménologique que dans le système lui-même.

Argument systématique: la seule façon de comprendre la possibilité du reste du système XY est d'intégrer Z, ainsi nous avons XYZ, le système est complet et tout s'éclaire. Mais cela reste absolument sans fondement en dehors de la jubilation de l'esprit de système...

Un principe général de l'argumentation de Kant est que si nous ne pensons pas que l'espace et le temps sont les formes à priori de notre intuition sensible, nous ne comprenons pas non plus comment nous pourrions atteindre une connaissance apodictique dans les science, ce qui, selon Kant, est un fait établi. En réalité, ce fait n'a rien d'établi... Et il se peut bien que Hume ait raison sur ce point, l'histoire de la physique et de ses changements de paradigmes majeurs semble aller dans ce sens par ailleurs.

Un exemple: selon notre conception de l'espace tel qu'il se manifeste dans nos intuitions - un espace euclidien à trois dimensions, homogènes et isotrope - "la ligne droite est le plus court chemin entre deux points quelconques". La physique moderne remet en cause l'universalité de cette conception, celle-ci reste néanmoins valable en elle-même et du point de vue de notre intuition empirique (qui perçoit "euclidiennement"), mais plus d'un point de vue scientifique pour la nature en général. Alors, ou bien la science s'égare, ou bien Kant ne parlait que de notre intuition et celle-ci ne vaut plus comme base pour des jugements synthétiques à priori, ayant valeur de nécessité universelle et constituant des jugements scientifiques. La nature nous a, semble-t-il, forcé à renoncer à nos concepts intuitifs pour d'autres rendant mieux compte de la nature...

Un autre principe de l'argumentation de Kant - plus plausible celui-ci -, est que nous ne pourrions repérer les déterminations spatiales et temporelles des objets de notre expérience, si l'espace et le temps n'étaient pas déjà donnés comme "cadres". "Comme ce en quoi seulement les sensations peuvent s'ordonner et être mises en une certaine forme ne peut pas être lui-même encore sensation, il suit que, si la matière de tout phénomène nous est donnée seulement à posteriori, sa forme doit se trouver prête à priori dans l'esprit [...]" Ici il s'agit plus d'une phénoménologie de l'intuition humaine et des actes de connaissance. Mais comment fonctionne l'argument? C'est un peu comme avec la circularité, par exemple: on ne peut éprouver expérimentalement la circularité de tel objet donné dans une intuition, que si nous avons déjà le concept de la circularité, sinon que regarderions-nous... Nous devons "viser" la circularité pour ensuite la voir, la constater, et ceci à partir de notre concept, donc à priori. Si nous n'avions aucune pré-conception de la circularité nous ne pourrions même pas nous poser de question à son sujet, et encore moins la constater comme détermination d'un objet donné dans l'intuition. En est-il de même pour le temps? La succession des intuitions ne peut-elle s'attester d'elle-même du fait que l'intuition nous donne une multitude de "clichés" disjoints mais néanmoins liés par une proximité et une ressemblance dans le changement d'état, qui donne d'elle-même une notion de "continuité du changement" d'où nous tirons notre intuition du temps? Le "maintenant" n'est-il pas donné comme simple effectivité de mon intuition: évidence immédiate du "il y a" d'une intuition qui a lieu? L'aperception du "maintenant" de l'intuition sensible présuppose-t-elle nécessairement la pré-compréhension du temps comme forme de notre sensibilité? En d'autres termes: le temps ne peut-il être déduit de notre intuition et de ce qui s'y atteste immédiatement comme "maintenant" et "continuité changeante" des représentations? L'argument de Kant me semble vide ou tautologique, en ce sens que Kant décide d'isoler la matérialité de la sensation et de lui retirer toute possibilité de détermination spatiale intrinsèque, dès lors l'espace ne peut plus être un donné et doit forcément être un à priori.

Un autre: nous ne pouvons rien imaginer qui ne soit dans l'espace et dans le temps, qui de ce fait, semblent nécessaires à priori pour toute intuition...

Le postulat de Kant: des énoncés scientifiques à priori nécessaires et universels existent, c'est un fait établi.

Ce n'est pas tant une critique des conceptions philosophiques de Kant que je fais ici, mais plutôt une critique de sa méthodologie et du fondement de sa démarche de pensée. Par exemple, concernant l'espace, il est clair pour moi que c'est une notion problématique. Si l'on prend le point de vue médical ou physique, comment passer de "l'état du cerveau" à "la représentation de l'espace pour un sujet"? Comment passer de la réalité physique au vécu intérieur, subjectif, d'une intuition spatiale? Posée comme ça la solution tiendra du miracle sans aucun doute, quelque chose doit être changé dans la position du problème.

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