Comme disait l'autre, la CRP c'est 800 pages de cohérence parfaite...
Ou bien l'objet conditionne la représentation synthétique (synthèse empirique), ou bien la représentation synthétique conditionne l'objet... La première branche est exclue, quant à la seconde elle implique que la pensée soit cause de l'objet! Mais la représentation synthétique ne doit pas être comprise comme causant l'existence de l'objet, mais simplement de sa connaissance. Eh oui... L'objet n'est pas quelque chose d'existant en soi, mais seulement pour soi, en tant que nous le connaissons.
Les phénomènes nous sont connus comme des objets, c'est donc notre mode de connaissance lui-même qui va servir ici à la déduction transcendantale des catégories. Donc en soi, les changements physiques ne sont pas liés par une nécessaire causalité. Toute la science pure n'est donc valable que pour les objets en tant qu'ils nous sont connus!
De même que les objets donnés sont tous nécessairement spatiaux et temporels - puisqu'ils ne peuvent nous être donnés que par notre sensibilité et que celle-ci implique l'espace et le temps comme forme et condition de cette donation -, les objets sont nécessairement conformes aux catégories, en tant que celles-ci sont les conditions nécessaire de toute pensée d'un objet. Dans les deux cas l'objet n'est objet qu'en tant qu'il est connu de nous et par nous.
Articulation fondamentale: un objet n'est donné que dans l'intuition empirique - il est donc nécessairement spatio-temporel - mais aucun objet ne serait donné s'il n'était "en même temps" pensé. Sans la pensée pas d'objets, seulement des phénomènes sans objectivité. Un objet n'est donné empiriquement qu'en tant qu'il est aussi pensé.
"[...] la valeur objective des catégories comme concepts à priori, reposera sur ceci, que l'expérience (quant à la forme de la pensée) n'est possible que par elles. Car elle ne se rapportent alors nécessairement et à priori à des objets de l'expérience, puisque ce n'est que par leur moyen en général qu'un objet de l'expérience peut être pensé."
L'argument de Kant est donc le même que dans l'esthétique: la condition de la connaissance de l'objet conditionne l'objet lui-même. Qui du même coup n'est ce qu'il est qu'en tant que connu.
"Les concepts qui fournissent le fondement objectif de la possibilité de l'expérience sont par cela même nécessaires"
L'entendement est donc par ses concepts, auteur de l'expérience où se rencontrent les objets.
"Mais la dérivation empirique, à laquelle tous deux [Hume et Locke] eurent recours, ne peut se concilier avec la réalité des connaissances scientifiques à priori que nous avons, à savoir la mathématique pure et la science générale de la nature; elle est donc ainsi réfutée par le fait."
Ainsi donc nous retrouvons la clé de voûte de l'édifice systématique de la CRP: pour Kant les sciences pures à priori sont un fait établi et une évidence immédiate. Et c'est bien entendu là que le système de la CRP se dénoue et s'évanouit.
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