vendredi 13 novembre 2009

Circularité de l'argumentation dans l'esthétique transcendantale

Je reprend l'argumentation de Kant, deux principes:

1) Kant affirme l'évidence immédiate de l'existence de jugements synthétiques à priori en mathématique et en physique, et que ces jugements contiennent la nécessité à priori de leur validité universelle pour tous les objets d'une intuition possible. A partir de cette base, il se demande a) comment de tels jugements sont possibles d'une part, et b) comment ils peuvent être considérés à priori comme valables pour tout objet d'une expérience quelconque. La réponse à a) est "facile" et ne pose pas de problème: une fois donnés une conception à priori de l'espace (euclidien, isotrope et isomorphe...), il est possible d'y fonder des jugements synthétiques à priori nécessaires dans le cadre de ce qui a été posé (espace euclidien...) Par contre la réponse à b) nécessite d'introduire la notion de forme de l'intuition: ces jugements sont valables pour toute expérience possible parce que l'espace posé à priori, est en fait la forme de notre sensibilité, et ceci est démontré parce que - et nous revenons au postulat de départ - sinon nous ne pourrions pas comprendre comment les jugements synthétiques à priori dont il est question pourraient être valables universellement, ce qui, selon Kant, est un fait établi de toute évidence.

Conclusion: la démonstration est circulaire et se fonde toute entière sur un postulat de départ non démontré lui-même: que ces jugements existent et sont nécessaire et valables pour tout objet d'une expérience possible.

2) Kant développe une argumentation plus phénoménologique: comment pourrions-nous déterminer la matière de nos sensations selon des rapports spatiaux, si nous ne disposions pas déjà de l'espace qui, en tant qu'il permet d'ajouter des déterminations spatiales non contenues dans la matière de notre sensibilité elle-même, ne pourrait en aucun cas être donné avec ou dans la matière de nos sensations. Kant part ici d'une autre évidence, selon lui également immédiatement nécessaire: la matière de nos sensations ne contient rien de spatial. Ici encore la démonstration est circulaire: on commence par enlever l'espace de la matière et ensuite on en déduit logiquement qu'il ne peut être donné en lui, donc qu'il n'est pas "senti", et donc qu'il est en nous en tant que forme de notre intuition sensible.

Mais même si la démonstration est poussiéreuse, le mystère du "sens externe" reste entier et je suis convaincu pour d'autres raisons, que Kant est sur la bonne voie... à suivre

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